Parasitisme Ovin

Anticiper l'apparition des résistances aux antiparasitaires chez les ovins

Une situation préoccupante dans le Bassin Roquefort

Des cas de résistances aux antiparasitaires sont aujourd’hui observés en France, y compris dans des élevages ovins lait du Bassin Roquefort.

Le FODSA-GDS Aveyron est partenaire du projet ANTHERIN, lancé en 2021 et piloté par l’École vétérinaire de Toulouse, pour étudier la résistance à l’Eprinomectine, molécule très utilisée chez les brebis laitières, et identifier des alternatives.

Les strongles digestifs : un danger silencieux

Trois principaux parasites digestifs touchent les ovins :

  • Haemonchus contortus
  • Teladorsagia circumcincta
  • Trichostrongylus colubriformis

Ces strongles gastro-intestinaux vivent dans la caillette ou les intestins. Leur cycle de vie alterne entre le milieu extérieur (œufs, larves L1 à L3 dans les pâtures) et l’animal (développement au stade adulte, ponte).

Les conditions climatiques influencent fortement leur développement, avec un pic de prolifération entre 25°C et 30°C, associé à l’humidité. Le cycle complet peut durer 15 à 40 jours.

Les symptômes observés chez les animaux

Les strongles provoquent :

  • Diarrhée, anémie
  • Baisse de production
  • Retards de croissance
  • Décès possible chez les animaux fortement infestés

Les jeunes animaux sont les plus sensibles, notamment lors de leur première mise à l’herbe. Certaines brebis adultes développent une immunité naturelle, d’autres restent sources majeures de contamination.

Des résistances bien installés, peu d'options disponibles

Ces parasites s’adaptent rapidement et présentent des résistances à plusieurs familles d’antiparasitaires (multirésistances). Aujourd’hui, aucune nouvelle molécule n’est attendue à court terme : il devient urgent de préserver l’efficacité des traitements existants.

Chez les brebis laitières, seules deux familles de molécules sont autorisées pendant la lactation :

  • Benzimidazoles
  • Lactones macrocycliques

Problème : les strongles sont déjà largement résistants aux Benzimidazoles.
L’Eprinomectine, issue des lactones, est la seule molécule efficace avec un délai d’attente nul pour le lait, et donc très utilisée… au risque de favoriser les résistances.

Pâturage raisonné = pression parasitaire réduite

80 % des larves parasitaires se trouvent dans les 5 premiers centimètres de végétation.
Il est recommandé de :

  • Ne pas descendre en-dessous de 6-7 cm de hauteur d’herbe.
  • Mettre en place des rotations de pâturage.
  • Associer plusieurs espèces (pâturage mixte bovins/ovins) si possible, car elles ne partagent pas les mêmes parasites.

La coprologie : un outil simple et efficace pour les éleveurs

La coprologie consiste à analyser les crottes pour compter les œufs de parasites (OPG : œufs par gramme). Elle permet :

  • De suivre l’infestation d’un lot ou d’un animal.
  • D’ajuster les traitements antiparasitaires.
  • De prévenir l’apparition de résistances.

Bonnes pratiques de prélèvement :

  • Prélèvement direct au rectum (minimum 10 brebis).
  • Échantillons individuels, même en cas d’analyse de mélange.
  • Conservation au froid (frigo) et envoi rapide au laboratoire.
  • Moments clés : avant mise bas, 1 mois après mise à l’herbe, avant l’entrée en bâtiment.

En résumé