Le GDS de l'Aveyron, en concertation avec les représentants départementaux des vétérinaires, a rédigé une note d'information technique sur la FCO et en particulier sur la vaccination à destination de tous les éleveurs du département.
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La FCO est une maladie virale affectant les ruminants transmise par des moucherons piqueurs (Culicoïdes). Les animaux sensibles sont les ruminants domestiques (bovins, ovins et caprins) et sauvages. Maladie strictement animale, elle n’est pas transmissible à l’homme et n’affecte pas la qualité des denrées. 24 sérotypes différents de FCO existent. Maladie classée CDE par la Loi Santé Animale, les cas cliniques sont à déclaration obligatoire. La FCO sérotype 8 est endémique depuis 2015 sur la France continentale.
SIGNES CLINIQUES ET CONSÉQUENCES A PLUS LONG TERME POUR LE SEROTYPE 8
OVINS
Les ovins sont les plus touchés ; mortalité possible.
Signes cliniques :
- Incubation de 6 à 8
- Hyperthermie
- Symptômes locomoteurs : démarche raide, atteinte plus fréquente des postérieurs mais souvent des quatre membres, possibles lésions hémorragiques et ulcères
- Symptômes respiratoires : tachypnée, dyspnée
- Rhinite modérée, jetage nasal
- Conjonctivite
- Stomatite avec croûtes en région naso-buccale, ulcères dans la bouche et les naseaux
- Tête gonflée, œdème de l’auge.
Sur la reproduction
- Baisse de la fertilité et de la prolificité des brebis. Avortements.
- Chez les béliers, effet significatif sur la qualité de la semence jusqu’à la stérilité.
La libido réapparait avant la fertilité. La fertilité revient à la normale entre 63 et 138 J. Dans un quart des cas, l’évolution se fait de manière irréversible vers l’atrophie testiculaire et la stérilité. Dans ce contexte, il est recommandé de faire vérifier, à la saison suivante, l’aptitude des mâles à la reproduction, par l’examen de l’appareil génital externe et une vérification de la qualité de semence, en gardant à l’esprit que la qualité de semence ne reflète pas le pouvoir fécondant.
Sur les agneaux
- Agnelage difficile (10% des cas)
- Mortinatalité ; ≈ 2 fois plus de mortalité des jeunes : pneumonies, symptômes digestifs avec notamment diarrhée, arthrite, boiterie, syndromes nerveux, omphalo-phlébite.
BOVINS
Morbidité plus faible qu’en ovin ; mortalité possible.
Signes cliniques : (une association de ces signes cliniques)
- Hyperthermie
- Hypersalivation
- Boiterie, œdème des pattes
- Congestion et ulcères dans la bouche
- Abattement, amaigrissement
- Symptômes oculaires
- Irritation du mufle, ulcères des naseaux
- Trayons enflés et rouges +/- œdème de la mamelle
- Baisse de production laitière de 3 à 5 %.
Sur la reproduction
Le BTV-8 constitue une exception parmi les virus de la FCO; il est capable de passage transplacentaire et de malformations importantes chez les bovins. Le virus cause des avortements, des anomalies cérébrales sur les avortons et les veaux nés à terme. Les anomalies sont observées si la contamination a lieu entre 3 et 4 mois de gestation - malformations de l’encéphale qui peuvent se manifester par une cécité ou un veau « idiot ».
Une transmission verticale par passage transplacentaire du virus peut donner naissance à des veaux viropositifs pouvant présenter des signes cliniques de FCO.
Les mâles en infection aiguë, en période de virémie peuvent excréter du virus dans le sperme. L’infection peut se transmettre lors d’une saillie. Des mesures spécifiques sont prises par les organismes d’insémination pour maitriser ces risques. Un taureau infecté ne donne pas naissance à un animal positif. Le taureau peut devenir infertile.
CAPRINS
Peu d’impact.
Signes moins francs. Il semble qu’il y ait une hyperthermie, une baisse de production de lait, des petites hémorragies sous-cutanées et de l’érythème.
POUR LE DIAGNOSTIC
La virémie est de 15 à 30 jours après contamination. Elle dure environ :
- 15-21 jours chez les ovins
- 30 jours chez les bovins.
Les prélèvements se font sur tube EDTA ou organes préférentiellement la rate.
A noter que la PCR reste positive plus longtemps. La durée moyenne admise de persistance est d’environ 150 jours sur RT-PCR (un maximum de 7 mois a été trouvé).
Il a été montré que le BTV-8 peut infecter les fœtus par voie transplacentaire. Les veaux qui naissent à la suite de cette infection peuvent présenter une “PCRémie” pendant 5 mois.
La séroconversion a lieu en général en :
- 5 jours chez les ovins
- 7 à 15 jours chez les bovins.
- 13-14 jours chez les caprins
VACCINATION
Les vaccins empêchent l’apparition de symptômes cliniques et réduisent fortement, voire bloquent complètement pour certains d’entre eux, la virémie. Ceci va limiter considérablement le risque que des moucherons puissent s’infecter en piquant un animal vacciné puis transmettre le virus à un autre animal. Le délai d’immunité est à prendre en compte pour la protection clinique des animaux.
De façon générale, la mise en place d’une vaccination doit être discutée avec son vétérinaire pour évaluer les bénéfices et risques sur son cheptel.
Quand vacciner mes ovins ?
La vaccination est à envisager comme un moyen préventif. En ovin, de façon générale, il est recommandé d’éviter de vacciner pendant la période de lutte : 15 jours avant la lutte et 1 mois après insémination. Il est également conseillé de réduire le plus possible le stress causé par les manipulations lors des vaccinations.
Les béliers sont à vacciner en priorité.
L’immunité se met en place en 39 jours avec 1 seule injection pour le Syvazul®, 21 jours avec le BTVPur® après la 2ème injection.
Quand vacciner mes bovins ?
La vaccination est à envisager comme un moyen préventif. Les taureaux sont à vacciner en priorité. L’immunité se met en place 21 jours avec le BTVPur® après la 2ème injection.
Quels peuvent-être les effets de la vaccination sur un troupeau infecté ?
D’après le LNR FCO, même en urgence, la vaccination a un intérêt important et diminue les signes cliniques. Hors contexte d’une circulation massive sur tout le cheptel, si un ou deux animaux commencent à présenter des signes cliniques, la vaccination des animaux ne présentant pas de signes cliniques peut avoir un intérêt. Quoi qu’il en soit les signes cliniques observés sont dus à l'infection par le virus naturel. La vaccination d'un troupeau infecté ralentit la propagation du virus au sein du troupeau si elle est réalisée rapidement. Dans tous les cas, il convient de voir avec son vétérinaire afin d’évaluer la situation clinique du troupeau et d’estimer s’il convient de vacciner les animaux.
Suite à la vaccination, y a-t-il des réactions locales ou générales ?
Deux à cinq jours après l’administration de la première dose, des réactions locales peuvent être observées au site d’injection. Lors du rappel, des réactions locales peuvent à nouveau avoir lieu dans une proportion moindre et sur un délai plus court. Des réactions d’hypersensibilité peuvent exister avec dans de rares cas la mort des animaux.
Sur la base des résultats de la pharmacovigilance, ces réactions sont rares puisque seulement un animal sur 10 000 vaccinés est susceptible de présenter une réaction.
La vaccination peut-elle avoir un impact sur la reproduction des femelles ?
Les adjuvants contenus dans les vaccins peuvent, dans de rares cas, entraîner des hyperthermies et des réactions générales (avortements, retours en chaleurs, mortinatalité). En général, seules les hyperthermies sévères (celles-ci sont très rarement atteintes) peuvent provoquer un avortement. Les effets 2aires apparaissent généralement au cours des 3ers jours qui suivent la vaccination et souvent au moment du rappel lorsque le schéma vaccinal comporte 2 injections.
DÉSINSECTISATION
La désinsectisation permet de réduire les risques de piqûres par les moucherons (sous conditions d’une application régulière et d’une concentration suffisante pour atteindre les parties fines du corps, là où les vecteurs piquent de façon préférentielle). Elle ne permet pas d’obtenir une protection individuelle totale (Mathieu, 2008).
La désinsectisation reste un outil complémentaire, particulièrement avant mouvement ou concours, mais ne permet pas une protection collective et ne remplace pas la vaccination (Avis AFSSA, 2009).