2024 s’annonce comme une année apicole très complexe. Mais, il ne faut pas oublier pour autant la lutte contre le varroa. Compter les varroas juste avant de mettre les traitements lanières d’été permet d’observer de possibles problèmes d’inefficacité des médicaments apicoles et d’objectiver les données. Aussi quantifier le niveau d’infestation du rucher avant et après traitement est un point essentiel de gestion sanitaire.
Pourquoi traiter le varroa en été ?
Il est essentiel de bien comprendre le mécanisme d’affaiblissement des colonies par le varroa. En effet, plus on tarde à éliminer le varroa plus ses pullulations deviennent incontrôlables. Les varroas vont se multiplier sur le couvain de mars à août. Ils affectionnent davantage les cellules de mâles que celles d’ouvrières. En été, le nombre de cellules de couvain de mâles va diminuer drastiquement, tous les varroas vont se reporter sur le couvain d’ouvrières, renforçant la pression de spoliation sur le développement des nourrices et des abeilles d’hiver. Cette période est extrêmement critique pour la colonie. Ainsi, même avec un faible niveau de population de varroa à la sortie de l’hiver (moins de 50 varroas), on compte 5000 varroas dans la colonie fin août. Le traitement d’été s’impose pour assainir les colonies juste avant la formation des abeilles d’hiver.
Comment réussir son traitement d’été contre le varroa ?
La stratégie de lutte contre le varroa la plus communément adoptée, consiste en un traitement principal estival, après la dernière récolte, avec des médicaments à diffusion lente suivi le cas échéant d’un traitement de rattrapage l’hiver hors couvain, avec un médicament à base d’acide oxalique (pour les situations de miellées tardives d’autres stratégies doivent être envisagées).
Depuis plusieurs années, les différentes structures apicoles s’accordent sur le fait que ce traitement estival doit être effectué le plus tôt possible, fin juillet - début août si possible, et dans tous les cas avant le 15 septembre si on souhaite qu’il protège efficacement la production des abeilles d’hiver dans la colonie. Si la charge parasitaire initiale est trop élevée, le traitement après récolte ne permettra pas d’éliminer tous les varroas et l’infestation résiduelle sera encore élevée nécessitant un traitement hivernal de rattrapage.
L’efficacité des médicaments
L’amitraze est la molécule majoritairement utilisée. C’est elle qui a les meilleurs résultats en termes d’efficacité même si depuis quelques années on soupçonne le développement de résistance de varroa à cette molécule.
Des résistances de varroa ont été observées depuis 1995 au tau-fluvalinate. La fluméthrine étant de la même famille chimique, il est important de n’utiliser ces 2 molécules qu’en alternance tous les 3 ans à l’amitraze.
Les médicaments à base de thymol montrent depuis plusieurs années une mauvaise efficacité. L’utilisation du thymol n’est conseillée aujourd’hui qu’en association avec des pratiques biotechniques en amont des traitements.
Ne pas oublier de compter les varroas…
Il est essentiel de compter les varroas avant et après le traitement estival pour savoir si son traitement a été efficace et s’il sera nécessaire de faire ou non un traitement de rattrapage l’hiver. Il existe 2 méthodes principales de comptage : le comptage des chutes naturelles des varroas sur langes et le comptage des varroas phorétiques par prélèvement d’abeilles et décrochage des varroas soit au sucre glace, CO2, lavage ou alcool. Il est essentiel de noter que les comptages après traitement ne se feront qu’au moins 10-15 jours après le retrait des lanières, les varroas pouvant encore être tués sur cette période.
Les mauvaises pratiques : sources d’inefficacité des traitements et de résistance
Trop de mauvaises pratiques d’utilisation des lanières sont encore observées sur le terrain, elles peuvent aboutir à un manque d’efficacité du médicament ou au développement de souche résistante à varroa, comme :
- réutiliser des lanières qui ont déjà servi,
- couper les lanières pour répartir les doses,
- mal stocker les médicaments (paquet ouvert, exposé à la chaleur, etc.),
- utiliser des médicaments qui ont dépassé la date d’utilisation,
- perdre et oublier les lanières au fond des ruches,
- mettre les lanières sur les têtes de cadre au lieu de les mettre dans le couvain,
- mettre les lanières trop loin du couvain,
- ne pas enlever les lanières aussitôt la fin du traitement,
- laisser les lanières se couvrir de propolis, ne pas les gratter,
- ne pas repositionner les lanières à mi-traitement,
- mettre une seule lanière au lieu de 2... mettre 3 lanières au lieu de 2…,
A l’avenir les apiculteurs devront se familiariser davantage avec les pratiques de lutte biotechnique ou « lutte populationnelle » qui viendront en appui à la lutte médicamenteuse. Parmi ces pratiques de plus en plus développées, on peut citer le piégeage des varroas dans le couvain mâle et la rupture de ponte avec l’encagement de la reine suivi d’un traitement avec des médicaments à base d’acide oxalique. Pour davantage d’informations consulter les pages apicoles du site internet de la FRGDS Occitanie.
Article rédigé à partir des fiches et préconisations de la Fédération Régionale des Groupements de Défense Sanitaire d’Occitanie.