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Parasitisme chez les ovins !

Anticiper l’apparition des résistances !

Des résistances aux antiparasitaires sont actuellement observées en France et sur le Bassin Roquefort dans des cheptels ovins lait. FODSA-GDS Aveyron est un des partenaires du projet ANTHERIN, initié en 2021 et piloté par l’Ecole Vétérinaire de Toulouse pour étudier la résistance à l’Eprinomectine, molécule largement utilisée chez les laitières, afin d’identifier des pistes alternatives.

LES STRONGLES DIGESTIFS CHEZ LES OVINS

Haemonchus contortus, Teladorsagia circumcincta et Trichostrongylus colubriformis sont les trois principaux strongles digestifs des ovins qui parasitent la caillette ou les intestins.

Les cycles parasitaires de ces strongles répondent au même type de développement. Ils ont une durée de 15 à 40 jours en moyenne, selon les espèces, avec une phase externe (dans le milieu extérieur) et une phase interne (chez l’hôte). Les œufs qui se trouvent dans les matières fécales éclosent dans les prairies et les larves se développent (stade L1 à L3, d’une durée de 1 à 3 semaines). L’animal va ensuite consommer la larve au stade infestant L3, qui va terminer son développement au stade adulte dans l’animal (2 à 3 semaines). Les strongles adultes pondent alors des œufs qui se retrouvent de nouveau dans les matières fécales. La température et la pluviométrie sont déterminantes. Leur prolifération étant accélérée par une température autour de 25°C à 30°c et l’humidité. La durée du cycle va varier de 15 à 40 jours.

LES SIGNES CLINIQUES CHEZ LES ANIMAUX

Les strongles provoquent des problèmes digestifs conduisant à des diarrhées, de l’anémie, une baisse de production, des retards de croissance pouvant aller jusqu’à la mort des animaux infestés.
Les jeunes sont les plus susceptibles d’être infestés, notamment lors de leur première mise à l’herbe. Les brebis adultes ne sont pas toutes égales face aux strongles, certaines vont développer une certaine immunité, d’autres au contraire sont très infestées et assurent une contamination importante des pâtures.

Les strongles digestifs s’adaptent, les résistances aux antiparasitaires sont une réalité.
Ces strongles digestifs ont une très grande capacité d’adaptation qui leur ont permis de développer des résistances aux antiparasitaires. Il existe également des populations de strongles avec des multirésistances, c’est-à-dire résistants à plusieurs molécules d’antiparasitaires.

Aucune nouvelle molécule antiparasitaire ne sera mise sur le marché dans les prochaines années. Il faut donc absolument préserver l’efficacité des molécules actuelles en rationnalisant leur emploi et en utilisant des méthodes de lutte complémentaires.

Parmi les traitements antiparasitaires contre ces strongles gastro intestinaux on distingue 5 familles de molécules dont seulement 2 sont autorisées pendant la période de lactation : les Benzimidazoles et Lactones macrocyliques. Seulement les résistances des strongles aux Benzimidazoles sont courantes et anciennes dans les cheptels ovins. La situation est donc compliquée pour les élevages ovins lait, car la seule molécule efficace avec un délai d’attente nul pour le lait est l’Eprinomectine ; elle est très utilisée par les éleveurs.

UNE BONNE GESTION DU PÂTURAGE POUR UNE RÉDUCTION DE LA PRESSION PARASITAIRE

80% des larves de parasites se trouvent dans les 5 premiers centimètres de la végétation. Elles sont au plus près du sol et si les conditions météorologiques deviennent favorables elles peuvent migrer vers le haut des plantes. Afin de limiter les risques d’infestation il est conseillé de ne pas laisser les animaux pâturer en dessous de 6-7 cm. Il est également conseillé de réaliser des rotations sur plusieurs parcelles.

Une autre stratégie peut être, pour ceux qui le peuvent, la pratique du pâturage mixte : bovins et ovins, ces deux espèces n’hébergeant pas les mêmes espèces de strongles.

Il est donc primordial d’évaluer ses pratiques au pâturage afin de diminuer le risque de contamination au pâturage.

UNE ENQUÊTE AUPRÈS DES ÉLEVEURS OVINS LAIT DU DÉPARTEMENT

En 2021, le GDS de l’Aveyron a missionné une stagiaire afin de recenser les pratiques actuelles des éleveurs ovins lait du département. 37 éleveurs ont ainsi été enquêtés sur leurs pratiques vis-à-vis du parasitisme.
Les principaux indicateurs surveillés par les éleveurs sur l’état parasitaire de leurs animaux sont l’amaigrissement (92%), suivi par les diarrhées (49%).

84% des enquêtés affirmaient avoir recours à des analyses de coprologies majoritairement en mélange avant de traiter leurs animaux.

Des pratiques intéressantes des éleveurs aveyronnais
Certains éleveurs, ne réalisant pas de coprologies, ont indiqué qu’ils réalisaient des traitements systématiques, souvent « par habitude ».

Le nombre de coprologies réalisées par cheptel était très variable selon les situations : 45% réalisaient entre 3 à 5 coprologies par an, 29% en réalisaient 1 à 3, et 19%, 5 à 8, et 2 enquêtés en réalisaient plus de 8/an.
Le motif qui a déclenché le traitement suite à une analyse coprologique est majoritairement le conseil du vétérinaire. Aucun éleveur réalisant des coprologies ne réalise un traitement systématique de ses animaux. Cet outil est utilisé comme une véritable aide à la gestion du parasitisme sur l’élevage.
76% des enquêtés réalisent le pâturage dynamique, une bonne pratique pour casser le cycle du parasite et 16% pratiquent le pâturage mixte.

Cependant des pratiques d’utilisation des antiparasitaires à améliorer ...
68% des traitements réalisés font appel à une seule famille de molécules : les lactones macrocycliques.
Le nombre de traitement contre les strongles digestifs varie de 0 à 6 par exploitation.
68% des enquêtés utilisent des produits provenant de la famille des lactones macrocycliques. 12% des exploitations utilisent des Benzimidazoles, famille de molécules reconnue pour avoir développée de nombreuses résistances chez les animaux.
L’éprinomectine, seule molécule avec un délai d’attente nul pour le lait (sauf en Agriculture Biologique, il est désormais de 2 jours) est utilisée majoritairement comme traitement antiparasitaire. Elle représente 34% de tous les traitements (toutes catégories confondues).
Chez 25% des enquêtés qui réalisaient un traitement, la dose prescrite par le vétérinaire n’était pas respectée.
L’utilisation de cette molécule est aujourd’hui à préserver (notamment dans les Pyrénées Atlantiques et sur notre département) où elle a trop été utilisée en systématique. Des résistances sont apparues.

La grande majorité des enquêtés sont conscients que l’utilisation systématique des anthelminthiques aura pour conséquence l’apparition de résistance. 13.5% des enquêtés n’étaient pas satisfaits de leur traitement antiparasitaire.

LA COPROLOGIE, UN OUTIL AU SERVICE DES ÉLEVEURS !

Il s’agit de l’analyse de selles dans un objectif de dénombrer les œufs : on parle d’OPG (œufs par gramme) de matière fécale.
Il existe une bonne corrélation entre le nombre d’œufs comptés et l’infestation réelle chez l’animal. La coprologie est un outil fiable et valable tout au long de la vie de l’animal.

COMMENT RÉALISER UNE COPROLOGIE ?

Afin de réaliser des coprologies, les crottes doivent être prélevées directement dans le rectum de l’animal et conditionnées dans un contenant propre (type pot ou gant).
Il est possible de réaliser des coprologies individuelles (suite à un achat, ou sur des animaux présentant des symptômes évocateurs), ou des coprologies de mélange (avant les mises bas, un mois minimum après la mise à l’herbe, avant l’entrée en bâtiment l’hiver).
Il existe une bonne corrélation entre une coprologie de mélange d’un lot et la moyenne des coprologies individuelles faites sur ce même lot (source : ENVT).
Il est important de rappeler que même pour une coprologie de mélange, les prélèvements doivent être individuels : le vétérinaire ou le laboratoire se chargera de réaliser le mélange. Les prélèvements doivent être rapidement transmis au laboratoire. En attendant leur expédition, une conservation au frigo est recommandée.
Un minimum de 10 brebis doit être prélevé pour réaliser une coprologie de mélange fiable.

DES PERSPECTIVES POUR L’AVENIR

Des tests permettent désormais de mettre en évidence des résistances à un traitement antiparasitaire.
Si vous avez des échecs suite à vos traitements, n’hésitez pas à en parler à vos vétérinaires afin de faire un point sur votre situation.

Par ailleurs, pour retarder l’apparition des résistances, le traitement ciblé sélectif est une nouvelle façon d’utiliser un traitement antiparasitaire dans un cheptel. Le traitement n’est plus systématique sur tous les animaux, mais ciblés sur certains animaux. Le projet ANTHERIN cité plus haut dans cet article est actuellement en train de mesurer l’efficacité de ce nouveau traitement.

Enfin, la résistance génétique est une stratégie d’avenir avec une valorisation des animaux les plus résistants au parasitisme. Plusieurs races ont commencé à sélectionner leurs animaux sur ce critère.

POUR CONCLURE !

La résistance à l’Eprinomectine a été mise en évidence dans des cheptels aveyronnais courant 2022 par l’ENVT au cours du projet ANTHERIN.

En Aveyron, cette molécule est utilisée dans 34% des traitements réalisés par les éleveurs enquêtés en 2021, et 68% utilisent la même famille de molécules, les lactones macrocycliques.

Il est important de revoir ses pratiques en lien avec les vétérinaires afin de préserver au maximum leur efficacité : coprologies, molécules utilisées, respect de la dose prescrite, évaluation de son pâturage, etc.

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